III
UNE VOIX DANS LA NUIT

Bolitho et Catherine mirent six jours à faire le long voyage jusqu’à Londres. S’ils avaient pris leur voiture et changé régulièrement les chevaux, ils seraient arrivés plus tôt. Mais l’Amirauté n’avait pas fixé de date précise de convocation, se contentant d’écrire « comme il vous conviendra ». Il fallait bien que le rang d’amiral offre quelques privilèges.

Allday était installé à côté de Matthew, le chef cocher. Beaucoup de gens les regardaient, des passants et des paysans poussaient parfois des cris d’enthousiasme quand la voiture cahotait sur les pavés des villes et des villages ou faisait voler des nuages de poussière sur les chemins de terre et les routes royales.

Comme prévu, Allday avait été formel, il ne voulait pas rester à Falmouth.

— Et supposons qu’on vous donne un autre commandement, sir Richard ? Qu’est-ce qu’ils iraient penser de tout ça ?

Il n’avait pas précisé ce qu’il entendait par ils.

— Un vice-amiral de la Rouge, chevalier du Bain, pas moins, et qui n’a même pas son maître d’hôtel !

Bolitho lui avait fait remarquer qu’Ozzard et Yovell restaient à Falmouth tant que les choses n’étaient pas décantées, mais Allday avait été aussi têtu qu’il osait l’être.

— Un domestique et un pousseur de plume ! On n’en manque jamais, de ces gens-là !

Catherine, elle, lui avait expliqué qu’Allday avait besoin de prendre l’air, ne serait-ce que pour s’habituer à sa nouvelle situation.

Elle somnolait de temps en temps, la tête posée sur ses genoux tandis que défilaient arbres, églises, champs et fermes. Une fois, elle se cramponna à son bras, les yeux grands ouverts, comme si elle revivait un vieux cauchemar, ou pis encore.

Bolitho profitait de ce qu’elle dormait pour réfléchir à ce qui risquait de l’attendre. Peut-être ne verrait-il pas cette fois de têtes familières. Pas de bâtiments dont les noms lui auraient rappelé de violents souvenirs, ni d’amis disparus à jamais.

On allait peut-être l’envoyer en Méditerranée pour relever le vice-amiral Lord Collingwood, le plus cher ami de Nelson dont il avait été le second à Trafalgar. De notoriété publique, Collingwood était malade, certains le disaient même à l’article de la mort. Il ne s’était pas ménagé, il avait été à la mer presque sans interruption depuis la bataille au cours de laquelle Nelson avait péri, pleuré par tout le pays. Collingwood s’était même abaissé jusqu’à supplier qu’on le relève de son commandement en Méditerranée, mais Bolitho ne savait pas ce qu’avaient répondu les lords.

Il songeait à la suggestion que lui avait faite Catherine de demander une affectation à terre. Il se surprenait lui-même en constatant qu’il ne regrettait pas sa décision de débarquer et qu’il ne lui avait pas fait part de sa détermination. La mer serait toujours là, il y aurait toujours des guerres. La famille Bolitho avait suffisamment prouvé son courage par le passé, on ne voyait pas pourquoi l’esprit de lucre et la soif de puissance ne continueraient pas à faire fureur.

Il passa sa main dans les cheveux de Catherine et lui caressa le cou jusqu’à ce qu’elle remue légèrement dans son sommeil. Il se souvenait de l’amour qu’ils avaient partagé, même pendant ce voyage qui n’en finissait pas. Les propriétaires rouges de plaisir, les servantes qui leur faisaient la révérence, les clients qui leur adressaient de grands signes, tout cela se brouillait un peu dans sa tête. Seul le souvenir de leurs nuits restait très net. Ils avaient besoin l’un de l’autre, de nuits semblables à celle-ci, étendus, enlacés en silence. Ou encore, quand ils prenaient le frais, le soir, accoudés à la fenêtre dans un village endormi, dans une ville où l’on entendait des grincements de roues et où l’horloge de l’église sonnait les heures.

Une fois, alors qu’il lui confiait combien il redoutait de la quitter, elle s’était tournée vers lui dans l’obscurité, ses longs cheveux défaits, roulant sur ses épaules nues.

— Je t’aime, Richard, je t’aime plus que ma propre vie, car sans toi, il n’y a plus de vie. Mais après ce que nous avons enduré à bord du Pluvier Doré, nous resterons toujours ensemble. Où que tu sois, je serai avec toi, et quand tu auras besoin de moi, j’entendrai ta voix.

Elle avait pris son visage entre ses mains avant de continuer :

— Tu représentes tant de choses pour moi, le plus aimable de tous les hommes. Tu es ma main que je mets entre les tiennes. Parfois, tu parais si fragile que tu ne vois même pas l’amour que te portent les autres. Tu es mon amant, et je suis ta maîtresse ou tout autre nom que tu voudras me donner. Et puis tu es aussi un ami, quelqu’un vers qui l’on peut aller sans craindre de se faire rejeter. Je ne veux pas que tu changes, je ne veux pas essayer de te changer. Mais si d’autres tentent de t’atteindre ou de nous séparer, alors…

Il l’avait serrée très fort avant de lui murmurer, le visage noyé dans ses cheveux :

— Voilà ma tigresse qui montre ses griffes ! Le soir tombait lorsqu’ils atteignirent enfin la Tamise, pas très loin de la taverne dans laquelle Bolitho avait été retrouver Herrick en secret, avant son passage en cour martiale, pour lui proposer d’assurer sa défense. Il avait pris le refus de Herrick comme une porte que l’on claque. C’était l’année dernière, et cela paraissait déjà si loin. En passant le grand pont au-dessus des eaux noires et brillantes, il aperçut des navires mouillés là comme des ombres, vergues brassées et voiles ferlées, attendant peut-être la prochaine marée qui leur permettrait de quitter le port de Londres avant de déployer leurs ailes pour gagner la mer et qui sait, le grand océan. Le système circulatoire du commerce, de la survie, envié autant qu’il était haï par tous les autres. La marine, à bout de ses capacités, avait du mal à maintenir le blocus des ports ennemis tout en assurant l’escorte de la navigation marchande, mais tous les patrons à bord de ces navires somnolents comptaient sur elle, et c’était bien normal.

On distinguait quelques lumières au bord de l’eau, des hommes de peine qui essayaient de se faire embaucher et qui allaient rester là toute la nuit. De jeunes dandys qui revenaient des salles de jeu ou s’y rendaient, ou qui allaient retrouver leur femme. Et de l’autre côté du fleuve, les jardins d’agrément où Catherine lui avait fait découvrir son Londres à elle, qu’il connaissait si mal.

La route finit par longer le fleuve et les chevaux se mirent à trotter dans une rue bordée d’arbres du nom de Cheyne Walk.

Bolitho descendit de voiture, tout courbatu, mais soulagé de voir qu’il n’y avait personne pour les accueillir. Leur maison, haute et étroite, avec son balcon de fer et la pièce qui donnait sur le fleuve, était devenue leur second havre. Ici, les gens vaquaient à leurs occupations et ne s’intéressaient pas plus que ça à tous ceux qui possédaient ou louaient une telle propriété. Que l’on fût général ou indigent, artiste ou femme entretenue, chacun pouvait trouver son intimité.

Sophie, la bonne de Catherine, à demi espagnole, était arrivée la veille. Elle avait prévenu la gouvernante et préparé les lieux pour leur venue.

Allday aida Catherine à descendre à son tour et lui dit, l’air tranquille :

— Vous en faites pas pour moi, milady. Simplement, je réfléchis.

Elle lui sourit.

— Je n’en ai jamais douté – puis, se retournant : l’a pas d’erreur !

Bolitho posa la main sur la manche d’Allday :

— Battez-vous tant que vous voudrez, mon vieux, la bataille est déjà perdue !

Un peu plus tard, du petit balcon, ils contemplaient la nuit qui s’étendait sur la ville. Les portes-fenêtres étaient grandes ouvertes et l’air qui montait du fleuve était glacial, mais la gouvernante, pleine de bonnes intentions, avait allumé du feu dans toutes les cheminées pour évacuer l’humidité dans les pièces inoccupées. Catherine frissonna lorsqu’il passa son bras autour de sa taille en lui donnant un baiser sur l’épaule. Ils virent passer deux soldats qui titubaient un peu, sans doute des officiers en garnison et qui regagnaient vaille que vaille leur caserne. Une petite vendeuse de fleurs, un panier vide sur l’épaule. Elle serait sans doute debout bien avant le lever du jour pour aller cueillir ce qui était nécessaire à son commerce. Catherine dit doucement :

— J’aimerais tant que nous soyons chez nous.

Elle avait le même ton très calme qu’en ce jour terrible, lorsqu’ils avaient dû abandonner Le Pluvier Doré. Ne me laisse pas.

Comment avait-elle pu montrer cette foi inébranlable, alors qu’elle croyait fermement qu’ils ne reverraient jamais leur demeure ?

— Nous y retournerons bientôt, Kate.

Ils rentrèrent et se déshabillèrent avant de s’allonger côte à côte dans l’obscurité. Les souvenirs, un avenir incertain, voilà ce qui les préoccupait, ils songeaient à tout cela sans rien dire. Une fois cependant, Bolitho sembla émerger de son sommeil. Il l’imaginait assise au bord du lit près de lui, elle lui caressait la peau du bout des doigts. Il crut l’entendre dire tout doucement : « Ne me laisse pas. » Mais ce n’était qu’un rêve.

 

Le vice-amiral Sir Richard Bolitho descendit d’une jolie petite voiture, Allday lui tenait la portière. Tout comme Matthew, le cocher, son solide maître d’hôtel avait mis sa meilleure vareuse et son plus beau pantalon. Bolitho avait également remarqué que la voiture était impeccable et toute brillante, alors qu’elle était la nuit précédente encore couverte de boue lorsqu’ils avaient atteint Chelsea. Il nota les armes de sa famille qui décoraient la portière, ce qui lui rappelait le blason sculpté sur la grande cheminée en pierre de Falmouth. Cela ne faisait que quelques jours. De toute sa vie, jamais la demeure ne lui avait autant manqué, et si vite.

— Je n’ai aucune idée du temps que cela va durer, leur dit-il.

Le jeune Matthew baissa la tête, sa figure ressemblait à une pomme bien mûre au soleil du petit matin. On l’appelait encore le jeune Matthew dans toute la propriété, souvenir de toutes ces années pendant lesquelles il s’était occupé des chevaux.

— Retournez à Chelsea et conduisez Lady Catherine où elle souhaitera se rendre.

Puis, s’adressant à Allday, l’air entendu :

— Je vous serais reconnaissant de lui tenir compagnie.

Il crut le voir froncer le sourcil, comme s’il se disait in petto : « Je vous l’avais bien dit, que vous ne pouviez pas vous passer de moi ! »

Allday grommela pourtant :

— Je reste ici, sir Richard, et y a pas d’…

Il laissa sa phrase en suspens, mais ne put s’empêcher de sourire. Il se souvenait sans doute de cet instant où Catherine l’avait taquiné en répétant son expression favorite.

Bolitho leva les yeux vers la façade austère de l’Amirauté. Combien de fois était-il venu jusqu’ici ? Pour prendre ses ordres ; pour supplier qu’on lui donne un bâtiment, n’importe quel bâtiment ; pour demander un emploi, lorsque les nuages de la guerre s’amoncelaient une fois de plus au-dessus de la Manche. Cet endroit où il avait retrouvé Herrick, où ils s’étaient serrés la main comme de vieux amis, mais aussi, où ils s’étaient séparés, devenus comme étrangers l’un à l’autre. Bolitho avait fait prévenir de sa venue et se demandait si le successeur de Godschale le ferait attendre, ou peut-être même surseoirait à cet entretien. C’était assez étonnant. Dans ce petit monde fermé qu’était la marine, il connaissait à peine Sir James Hamett-Parker. La première fois qu’il avait entendu vraiment parler de lui, c’était lors de la grande mutinerie dans le Nord et à Spithead. Toute l’Angleterre avait été stupéfaite, horrifiée de ce défi lancé à l’autorité et qui avait incité même les hommes les plus sûrs à se révolter ouvertement, laissant le pays sans défense et à la merci des Français.

Les mutins s’étaient réunis en comités, avec des délégués chargés de défendre leur cause. Ils réclamaient de meilleures conditions de vie pour tous, la solde, la nourriture, l’abolition de la discipline sévère qui avait fait de quelques vaisseaux de véritables prisons flottantes. A bord de ces bâtiments, les commandants pouvaient faire de l’existence de leurs marins un véritable enfer. Certains de ces officiers qui s’étaient rendus célèbres pour leur dureté et leur manque de cœur avaient été débarqués sans ménagement et relevés de leur commandement. L’un d’eux s’appelait Hamett-Parker.

A l’Amirauté, quelqu’un avait dû décider de ne pas faire preuve de la moindre bienveillance ni de la moindre faiblesse lorsque Herrick était passé en cour martiale. Il était évident que l’on s’attendait à voir rendre un verdict de culpabilité. Si son capitaine de pavillon n’avait pas fait volte-face, il est sûr que Herrick aurait été condamné et, très probablement, condamné à mort. L’idée rigide que se faisait Hamett-Parker de la discipline rendait évident le choix de lui faire présider cette cour.

Bolitho fit jouer son sabre à son côté, non le sabre d’honneur magnifique dont lui avait fait présent le bon peuple de Falmouth pour ses hauts faits en Méditerranée et lors du combat d’Aboukir, mais son vieux sabre de famille. Forgé en 1702 pour son arrière-grand-père, le commandant David, il était plus léger que les sabres modernes, mais toujours en aussi bon état. Un geste de défi ? D’aucuns y auraient vu une marque de suffisance. Il sourit intérieurement. La différence est mince.

— Puis-je vous aider, amiral ?

Un planton de l’Amirauté occupé à astiquer les deux grands dauphins de cuivre qui soutenaient une cloche de bateau s’interrompit dans sa tâche en le voyant. En un éclair, il avait remarqué les épaulettes dorées aux deux étoiles d’argent, le galon sur la manche, et, plus important encore, la médaille d’or d’Aboukir à son cou.

— Bolitho.

Il savait qu’il n’avait pas besoin d’en dire plus.

— Qu’est devenu Pierce ?

L’homme le regardait toujours.

— Il a filé son câble, sir Richard, j’en ai bien peur.

Et il hocha la tête, se demandant encore comment cet officier si renommé, adoré de ses marins et de tous ceux qui servaient sous ses ordres, pouvait bien se souvenir du nom du vieux portier.

— Je suis désolé, répondit Bolitho. Y a-t-il quelque chose que je puisse faire pour lui ?

Le gardien secoua négativement la tête.

— L’a été malade un bout d’temps, sir Richard. Y parlait souvent de vous, ça c’est vrai.

— Il m’a tellement appris, répondit lentement Bolitho…

Mais il se tut, furieux contre lui-même. Un lieutenant de vaisseau était apparu dans l’escalier et l’observait, un sourire figé aux lèvres. Apparemment, on avait prévenu de son arrivée. Il suivit le jeune officier et se souvint soudain de Jenour. Comment son commandement tout frais se passait-il ? Après le naufrage du Pluvier Doré, les prodiges qu’il avait dû accomplir pour reprendre le contrôle du bâtiment dont s’étaient emparés les mutins l’avaient fait gagner en maturité. Il avait fini par se convaincre qu’il était prêt à faire profiter d’autres d’une expérience chèrement gagnée. Comme le lui avait dit Keen lorsque la Larne, le brick de Tyacke, les avait retrouvés : « Aucun d’entre nous ne sera plus jamais le même. »

Il avait peut-être raison. Qui aurait pu croire que Bolitho annoncerait son intention de quitter la marine lorsque la guerre serait enfin terminée ? Il marchait dans les coursives, passait devant des portes impersonnelles, devant ces rangées de sièges dans lesquels des commandants attendaient de voir l’un de leurs supérieurs pour recevoir félicitations, promotion ou réprimande. Il vit avec satisfaction qu’ils étaient vides. Les commandants, même très jeunes, n’avaient plus de prix. La guerre avait fait sa moisson. Lui-même s’était trouvé là bien des fois, à attendre, à espérer, à redouter ce qui risquait de lui arriver.

Ils s’arrêtèrent devant la grande porte à double battant derrière laquelle trônait Godschale dans le temps. Lui aussi, dans sa jeunesse, avait commandé une frégate, ils avaient d’ailleurs été promus ensemble capitaines de vaisseau. Là s’arrêtait la ressemblance. Godschale aimait mener la belle vie : il adorait les réceptions et les bals, les grands banquets, les manifestations officielles. Aucune jolie frimousse n’échappait à son œil acéré, et sa femme était si mortellement ennuyeuse qu’il considérait sans doute ces petits plaisirs comme parfaitement justifiés.

Sans faire preuve de beaucoup de tact, il avait tenté de faire revenir Bolitho chez lui, avec sa femme et sa fille Elisabeth. Quant à ses conceptions stratégiques, songeait Bolitho, il avait trop souvent montré ses failles quand il s’agissait d’estimer le nombre de bâtiments disponibles, les problèmes de ravitaillement, l’énormité des distances océaniques qui permettaient à l’ennemi de choisir ses victimes comme il l’entendait. Mais, en dépit de l’habitude détestable qu’avait Godschale de balayer les obstacles d’un revers de manche, Bolitho savait que, étonnamment, il allait lui manquer, lui, sa grandiloquence et tout le reste.

Il se retourna en prenant brusquement conscience que le lieutenant de vaisseau lui parlait. Il n’avait sans doute pas arrêté depuis qu’ils avaient quitté le hall d’entrée.

— Nous avons accueilli avec enthousiasme la nouvelle de votre récente victoire sur le contre-amiral Baratte. Je suis très honoré d’être le premier à vous accueillir.

Bolitho ne put se retenir de sourire. Ce jeune homme parlait un français sans accent. Il irait loin.

Les portes s’ouvrirent puis se refermèrent derrière lui et il découvrit l’amiral Sir James Hamett-Parker derrière une énorme table de marbre. Il semblait être installé là depuis un bon bout de temps, les yeux rivés sur les portes, attendant les premières secondes de leur confrontation. La grande cave à vins, la pendule avec ses chérubins, la maquette du premier commandement de Godschale, tout avait disparu. L’air de la pièce paraissait même avoir été renouvelé.

Hamett-Parker se leva lentement et lui serra la main.

— Bienvenue, sir Richard – il lui indiqua un siège : J’ai jugé bon que nous nous voyions sans attendre. J’aimerais vous entretenir d’un certain nombre de sujets.

Le ton était incisif, mais il parlait sans hâte, comme si chaque mot prononcé était le fruit d’une longue réflexion.

— Je vois que votre neveu a effectué rapidement la traversée. Lorsque le temps est en cause, je deviens grippe-sou. On n’en a que trop gaspillé ici même.

Bolitho était tout ouïe. Voulait-il insinuer que Godschale était coupable ? Ou essayait-il de tester sa loyauté ?

À pas lents, Hamett-Parker s’approcha d’une fenêtre et tira légèrement le rideau.

— J’ai assisté à votre arrivée, sir Richard. Je constate que vous êtes venu seul.

Ainsi, il l’avait observé. Pour voir si Catherine était avec lui, ou si elle était restée dans la voiture.

— Je viens de Chelsea, sir James, répondit-il.

— Ah.

Il n’ajouta rien. Bolitho observait ce profil bien dessiné, le nez légèrement aquilin, tout ce qui révélait le jeune homme qu’il avait été derrière le masque. Ses cheveux étaient grisonnants, blancs par endroits, si bien qu’au soleil on avait l’impression qu’il avait une perruque. Il portait même le catogan à l’ancienne mode. L’homme n’aurait pas déparé dans un portrait exécuté un siècle plus tôt, mais Bolitho savait que Hamett-Parker n’avait que dix ans de plus que lui.

— Les avis diffèrent sur ce que fera l’ennemi si, ou plutôt, quand, Sir Arthur Wellesley débarquera en Espagne, jusqu’à la victoire. Les dépêches qui nous parviennent de la Péninsule restent encourageantes – on attend d’un jour à l’autre la conclusion de cette affaire. Mais les Français ne se rendront pas pour avoir perdu l’Espagne. Nos forces sont étirées sur d’énormes distances, nos mâts ne suffisent pas à répondre aux besoins, à supposer que nous trouvions des équipages si nous en avions davantage. L’ennemi sait parfaitement tout cela. Nous ne risquons plus rien aux Antilles et pourrions en retirer un certain nombre de vaisseaux. Il leva les yeux et ajouta sobrement :

— Mais pas suffisamment !

— Je pense que les Français vont intensifier leurs attaques contre nos lignes de communication, lui répondit Bolitho.

— Vraiment ? fit l’amiral en levant le sourcil. Voilà qui est fort intéressant, le duc de Portland me disait sensiblement la même chose il y a peu.

Le Premier Ministre. Bolitho esquissa un léger sourire. Il l’avait oublié, celui-là. Quand on enchaînait campagne sur campagne, lorsque l’on voyait hommes et navires se faire déchiqueter, celui qui détenait l’autorité immédiatement après le roi semblait un personnage de bien peu d’importance.

— Je vois que cela vous amuse ?

— Je vous demande pardon, sir James. On dirait que je suis un peu hors-jeu.

— Peu importe. Je crois comprendre qu’il est assez malade. J’ai bien peur qu’il n’y ait personne pour tenir fermement la barre avant longtemps.

Bolitho cligna des yeux. Un mince rayon de soleil passait au-dessus l’épaule de l’amiral et l’obligea à détourner la tête.

— La lumière vous gêne-t-elle ?

Bolitho se raidit : était-il au courant ? Et si oui, comment ?

— Ce n’est rien, répondit-il.

Hamett-Parker revint lentement à son bureau, à pas comptés, chichement mesurés, comme ses mots.

— Vous vous demandez sans doute pourquoi l’on vous a relevé de votre commandement ?

— C’est bien naturel, sir James.

Il remarqua pour la première fois les yeux de l’amiral. Des yeux si pâles qu’ils en étaient presque incolores.

— Naturel ? Ce que vous dites là est étrange. Cela dit, il nous faut causer des menaces que pourraient faire peser les Français sur nos routes maritimes. Une frégate, un simple corsaire suffisent à immobiliser des vaisseaux de guerre que nous ne pourrions même pas affecter à cette mission si nous en disposions. L’opinion généralement admise est qu’un certain nombre d’opérations sont en préparation – et elles seront accélérées si, comme nous l’imaginons, Wellesley bat les Français à plate couture dans la Péninsule. Le Premier Ministre souhaite connaître votre avis, de même que Sir Paul Sillitœ.

Voyant la surprise de Bolitho, il ajouta :

— Encore une chose que vous ignoriez, apparemment. Sillitœ est le principal conseiller du Premier Ministre et de quelques autres personnages haut placés. Sa Majesté elle-même n’ignore pas ses avis.

Bolitho se demandait s’il fallait voir dans cette remarque un trait d’humour sardonique ou du sarcasme. Mais non. Il devinait assez bien ce qui se passait dans la tête de cet homme. Il était grand et élancé, il se déplaçait avec la sûreté d’un escrimeur. Un visage sombre, intéressant, aux orbites profondément enfoncées. Vif et tranchant comme l’acier. Lors de cette réception ridicule donnée par Godschale, il avait su se montrer charmeur et attentionné avec Catherine, quand le duc de Portland la méprisait ouvertement. Un homme bien étrange, mystérieux, mais à ne pas sous-estimer. Bolitho avait appris que Sillitœ avait fait toute la route jusqu’à Falmouth pour assister au service célébré à sa mémoire après la disparition du Pluvier Doré, lorsque l’on croyait qu’ils avaient tous péri. Il n’avait pas besoin de mettre Catherine en garde contre d’autres intentions qu’il aurait pu avoir.

Il songea à elle, ce matin, tiède entre ses bras, le serrant contre son corps, le regardant se faire raser par Allday. Ils étaient ensuite descendus prendre un léger breakfast. Qu’elle soit vêtue d’un châle grossier ou d’une somptueuse robe de soie sauvage, comme lorsqu’ils s’étaient retrouvés à Port-aux-Anglais, elle ne passait jamais inaperçue. Non, Catherine ne se laisserait jamais prendre par un stratagème, aussi subtil soit-il.

— Lorsque vous commandiez une frégate, sir Richard, vous étiez célèbre pour votre allant.

Hamett-Parker gardait le même ton sec.

— Mais moi, je n’ai connu de toute ma vie que la ligne de bataille – puis changeant une nouvelle fois d’amure : Je crois me souvenir que vous avez été capitaine de pavillon de Sir Lucius Broughton, à bord de l’Euryale.

— J’étais alors capitaine de pavillon du contre-amiral Thelwall, jusqu’à ce qu’il soit relevé de son commandement à cause de son état de santé. Ce n’est qu’ensuite que Broughton a hissé sa marque à bord de l’Euryale.

— Au ton de votre voix, je devine que vous ne l’aimiez guère. J’ai toujours pensé qu’il s’agissait d’un excellent officier général. Tout comme moi, il savait oublier les sentiments lorsqu’il s’agissait de discipline et de sens du devoir.

Il serra le poing, regrettant peut-être d’en avoir trop dit, avant de poursuivre :

— Vous avez été impliqué dans la grande mutinerie ?

C’était dit sur le ton du reproche.

— Nous avons eu de la chance à bord de l’Euryale.

— De la chance ? Que vient faire la chance là-dedans ? Nous étions alors en guerre contre un ennemi impitoyable et nous le sommes toujours. Je commandais le Cydnus, un deux-ponts de quatre-vingt-dix. Bien armé, parfaitement entraîné, il rendait jalouse toute l’escadre.

Bolitho le surprit qui serrait encore le poing. Là se trouvait la faille de Hamett-Parker, l’incident qu’il ne pourrait jamais oublier.

— On trouve toujours quelques pommes pourries dans un tonneau. La conspiration destinée à déclencher une mutinerie dans mon équipage s’est répandue chez ces nigauds et autres têtes brûlées comme du poison. Ils m’ont défié – moi, leur commandant.

Ses yeux clairs brillaient comme du verre exposé à la lumière. Comme s’il ne parvenait toujours pas à y croire. Ces marins ordinaires, assez communs, osaient exiger que l’on respecte leurs droits. Ils avaient risqué la mort, que ce soit par pendaison on en subissant le châtiment du fouet sur tous les vaisseaux. C’était là le sort qu’avait connu plus d’un délégué des équipages. Bolitho répliqua assez sèchement.

— L’amiral Broughton était un imbécile. S’il était aujourd’hui l’un de mes officiers, je le lui dirais tout aussi bien !

Mais ils se ressaisirent tous deux et Hamett-Parker reprit :

— Mes états de service sont de ceux dont on peut être fier – et balayant son bureau d’un regard entendu : Je crois que je ne suis pas le seul à m’en rendre compte.

— Qu’attend-on exactement de moi, sir James ? lui demanda Bolitho.

Il se surprenait lui-même de rester aussi calme. Il bouillonnait intérieurement, cet homme insensible le mettait en rage, et en rage contre lui aussi.

— Il nous faut trouver un plan, un plan simple à mettre en œuvre, qui ne nous mettra pas à dos les marines des pays qui ne sont pas encore impliqués dans le conflit.

— Vous voulez parler des Américains, sir James ?

— Je n’ai pas dit cela ! répondit-il en brandissant l’index et avec un petit sourire. Je suis heureux que nous ayons pu nous entretenir avant l’arrivée des autres.

Il attira quelques papiers à lui.

— Je suppose que mon chef de cabinet connaît l’adresse à laquelle vous êtes descendu à Londres ?

— Je l’imagine aussi, sir James.

Il était probable que la moitié de Londres était au courant.

— Puis-je me permettre de vous demander quelque chose ?

L’amiral sortit une grosse montre en or et la consulta rapidement.

— Je n’ai pas beaucoup de temps.

Bolitho songeait à Godschale, non sans une certaine tristesse. On ne peut pas être partout.

— Quel va être le sort de mon capitaine de pavillon, Valentine Keen ?

Hamett-Parker fit la moue.

— J’ai cru un instant que vous alliez me parler de quelqu’un d’autre – il haussa les épaules, visiblement irrité : Il sera nommé commodore, une fois que tout sera réglé. Et s’il fait ses preuves, je suis certain qu’il accédera au rang d’officier général, ainsi que nous-mêmes en avons eu le privilège.

Bolitho se leva et surprit le regard que jetait son interlocuteur sur son vieux sabre.

— Puis-je disposer, sir James ?

L’entretien était terminé, on remettait les lames au fourreau. Pour l’instant.

— Je vous en prie.

L’amiral se laissa aller dans son grand fauteuil, les mains jointes comme aurait fait un pasteur de campagne. Il ajouta :

— Le vice-amiral Sir Lucius Broughton, cet imbécile comme vous dites sans trop de ménagement, est mort dans l’exercice de son devoir, il était gouverneur du pénitencier en Nouvelle-Galles du Sud.

Ses yeux clairs ne cillèrent pas lorsqu’il conclut :

— Il va être remplacé, et fort honorablement, j’imagine, par votre ami, le contre-amiral Herrick.

Bolitho fit brusquement volte-face, ouvrit les portes à la volée et manqua de percuter le chef de cabinet.

Hamett-Parker l’avait atteint au plus profond, mais était-ce volonté de blesser ou pour quelque autre raison, il ne le savait pas et il s’en moquait. Que voulait-il au juste ? Il avait soigneusement évité toute allusion à Catherine, ou au « scandale », comme il le pensait sans doute.

Il dévala l’escalier, la tête pleine de réflexions et de souvenirs. Cette seule mention de l’Euryale : Thelwall qui crachait ses poumons, Broughton assistant à cette terrible séance de fouet, impassible. Mais, plus encore que tout le reste, Catherine. C’était lorsqu’il commandait l’Euryale qu’il avait fait sa connaissance. Elle se trouvait à bord d’un navire marchand, le Navarra ; des pirates barbaresques avaient tué son mari et elle avait maudit Bolitho qu’elle accusait d’avoir causé sa mort.

— Ce bel officier de marine que voilà aurait-il envie de rentrer confortablement ?

Il fit demi-tour, le soleil l’aveuglait à moitié, et il l’aperçut à la fenêtre d’une voiture, qui le regardait. Elle souriait, mais ses yeux sombres étaient remplis d’inquiétude.

— Comment as-tu deviné ?

Elle lui prit le poignet lorsqu’il grimpa et lui répondit simplement :

— Je devine toujours.

L’amiral Sir James Hamett-Parker avait écarté le rideau et observait cette jeune femme qui aidait Bolitho à prendre place dans l’élégante voiture.

— Ainsi c’est elle, cette célèbre Lady Catherine.

Sir Paul Sillitœ venait de pénétrer dans la pièce par une autre porte et se trouvait derrière l’amiral. Il sourit.

— Ne vous avisez pas de jamais sous-estimer cette dame, sir James, ni de vous en faire une ennemie.

Il s’approcha nonchalamment du bureau jonché de papiers et ajouta avec une certaine froideur :

— Ou bien vous vous ferez un nouvel ennemi, moi-même. Je vous le promets bien, amiral !

 

Bolitho était assis sur un banc à l’ombre d’un arbre solitaire, dans le petit jardin soigné derrière la maison. Tout était calme à cet endroit, le fracas des roues cerclées de fer et le bruit des chevaux ne parvenaient là qu’étouffés, comme lointains. Il y avait derrière le mur des remises destinées au voisinage pour les chevaux et quelques voitures.

Il regardait Catherine occupée à cueillir des roses, il se demandait si elle regrettait toujours Falmouth, la demeure qui devait lui paraître immense à côté de cette petite maison de ville. Elle portait une robe courte, ce qui lui permettait de profiter du soleil au zénith. Il distinguait la marque sombre sur les épaules, toujours visible, résultat des terribles brûlures qu’elle avait subies à bord de la chaloupe.

Cela faisait trois jours qu’il avait rendu visite à Hamett-Parker. L’incertitude et l’attente le minaient.

Elle se tourna vers lui, l’air troublé.

— Enfin, Richard, n’y a-t-il aucun moyen de savoir ce qui se passe ? Je sais que c’est ce à quoi tu penses.

Il se leva et s’approcha d’elle.

— Je ne fais pas une compagnie bien agréable, Kate chérie. J’ai envie d’être avec toi sans cette épée de Damoclès au-dessus de la tête !

Le vent fit voler quelques feuilles du Times qui s’éparpillèrent dans l’herbe. On y parlait de nouvelles attaques ennemies contre le trafic maritime, autour du cap de Bonne-Espérance. Les bâtiments naviguaient isolément, sans escorte. Tout semblait se passait comme Hamett-Parker l’avait pressenti. Supposons qu’on lui ordonne de retourner au Cap, destination initiale du Pluvier Doré lorsque s’étaient produits la mutinerie puis le naufrage, aussi soudains qu’une tempête ? Les vaisseaux qui se livraient à ces attaques, s’agissait-il de bâtiments de guerre ou bien de corsaires ? Dans tous les cas, il fallait bien qu’ils relâchent quelque part.

Elle lui effleura le visage.

— Tu recommences à te faire du souci. Tu détestes rester inactif, c’est cela ?

Elle fit glisser lentement son doigt sur ses lèvres.

— Ne me dis pas le contraire, Richard, je te connais si bien !

La cloche de la rue sonna, la porte était ouverte, et ils entendirent les rires de Sophie qui parlait à quelqu’un.

— Elle a dix-sept ans à présent, dit Catherine à Richard. Un bon parti pour un honnête homme.

— Tu la traites plus comme ta fille que comme une domestique. Je t’ai bien observée.

— Parfois, elle me fait penser à ce que j’étais lorsque j’avais son âge – elle détourna le regard : Et je ne lui souhaite pas d’endurer le même sort que moi !

Bolitho ne répondit pas. Elle était comme Adam, elle lui raconterait peut-être un jour, plus tard.

Sophie apparut en haut des marches.

— Une lettre, milady – et jetant un coup d’œil à Bolitho : Pour sir Richard.

Il essayait d’imaginer Catherine à seize ans, l’âge qu’avait Sophie lorsqu’elle était arrivée chez eux. Tout comme Jenour, on aurait dit qu’elle avait mûri d’un coup après les aventures de la chaloupe et des mutins.

Elle tendit une enveloppe carrée à Bolitho.

— C’est un bel officier qui l’a déposée, milady. Il vient de l’Amirauté.

Catherine reconnut le carton que Bolitho tenait dans ses mains hâlées. C’était un carton d’invitation, magnifiquement gravé, le texte était surmonté d’armoiries.

— C’est Hamett-Parker. Une réception qu’il donne pour fêter sa nomination. Apparemment, Sa Majesté viendra.

Il sentait la rage l’envahir. Lorsque Catherine lui prit le carton des mains, elle en comprit la raison. Elle n’était pas conviée.

Elle vint s’accroupir à côté de lui.

— A quoi t’attendais-tu, Richard ? Quoi que nous fassions, quoi que nous pensions, les autres trouveront toujours que c’est inconvenant.

— Je ne m’y rendrai pas. Qu’ils aillent tous au diable.

Elle le contemplait et retrouvait chez lui quelque chose d’Adam et de tous les autres dont les portraits étaient accrochés à Falmouth.

— Non, tu dois y aller. Si tu refuses, ce sera pris comme une insulte envers le roi. As-tu réfléchi à cela ?

Il poussa un soupir.

— Non, mais je parie que quelqu’un d’autre y a pensé, en revanche.

Elle lut l’adresse qui figurait sur le carton.

— St James’s Square. Très très bel endroit, j’imagine.

Bolitho l’écoutait à peine. Ainsi, tout recommençait. On essayait de les séparer, ou de les condamner immédiatement si Bolitho s’avisait de l’emmener.

— Je me demande si Sillitœ sera là…

— C’est probable. Apparemment, il garde plusieurs fers au feu.

— Mais tu lui ressembles comme deux gouttes d’eau.

Il se dit qu’elle le taquinait, pour essayer de lui faire oublier l’invitation. Mais non, elle ne plaisantait pas.

— Je n’en suis pas si sûr, Kate.

Elle posa la tête sur ses genoux et lui dit doucement :

— Alors, attendons, nous verrons bien. Tu peux être bien sûr d’une chose, mon chéri : ce n’est pas un rival – personne ne pourrait devenir ton rival.

Il déposa un baiser sur son épaule nue et elle frissonna.

— Oh, Kate, que deviendrais-je sans toi !

— Tu es un homme. Mon homme.

Elle leva ses yeux brillants vers lui.

— Et je suis ta femme.

Elle fit la moue avant de s’exclamer :

— L’a pas d’erreur ! – puis, se reprenant : Pauvre Allday, qu’aurait-il pensé de tout cela ?

Elle ramassa ses roses et ajouta comme incidemment :

— Ils essayent de me discréditer à travers toi, ou de toute autre manière. Mais c’est un petit jeu que je ne connais que trop bien.

Elle effleura son épaule, là où il l’avait embrassée. Elle avait retrouvé son air paisible, comme perdue.

— Je vais accepter l’invitation de Zénoria et partir dans le Hampshire – et voyant qu’il s’assombrissait : Juste pour ce jour-là. C’est une sage précaution, crois-moi.

Ils rentrèrent, on entendait Sophie qui parlait à quelqu’un dans la cuisine.

Elle se tourna vers lui et lui dit avec un léger sourire :

— Je crois que je me suis fait mal au dos – voyant qu’il avait compris : Peut-être pourrais-tu jouer les hardis navigateurs et revenir l’explorer ?

Un peu plus tard, blottie dans ses bras, elle murmura :

— Parfois, mon chéri, je suis obligée de te rappeler ce qui importe vraiment…

Elle se cambra lorsqu’il l’effleura.

— Et ce n’est pas…

Mais le reste se perdit dans leur étreinte.

 

Une mer d'encre
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